Le souvenir blanc des Cyclades - 2005

 
Luc Mercure, Le souvenir blanc des Cyclades - roman, Laval : Trois, Topaze, 2005, 197 p. ; 20 cm.
ISBN : 2-89516-076-7 (br.)

Épuisé. Pour s'en procurer un exemplaire, contacter l'auteur par courriel (lucmercure62@videotron.ca)










Extrait

J'ai traversé la nuit comme on déjoue novembre, aligné des kilomètres qui ont anesthésié ma détresse, les yeux grand ouverts pour ne voir que les ombres au dehors; mais je n'ai rien effacé sinon la ville autour de moi, et cette aube n'est pas l'aube, c'est la nuit qui avance dans une lumière grise. J'ai marché comme le chat qui, après des jours entiers retrouve la maison qu'on a voulu lui faire oublier, sans rien connaître du chemin qui l'y ramène; mais je n'ai pas rattrapé la course du monde, ni même celle du temps.


Quatrième  de couverture

Quatre semaines dans les Cyclades auraient dû changer ma vie, à tout le moins me permettre de le faire. Je m'y suis pris de travers, n'ai pas voulu écouter le quincaillier m'assurant que, sur les murs de mon appartement, une peinture au latex donnerait de meilleurs résultats que l'eau de chaux. De toute façon, je ne peux pas chauler mes souvenirs, la musique, mes chats, et tout le reste sur lequel je n'ose mettre de mots. Ma ville n'a rien des îles grecques, où les poissons trop petits pour être vendus, jetés sur les quais, et la compassion négligente des touristes, dans les restaurants où ils font leurs tournées vespérales, suffisent aux chats pour leur survie – mais Valentin et Jérémie comprendront-ils jamais que leur captivités est préférable à la vie miséreuse de leur ruelle natale?



Critiques


Aussi l'écrivain québécois (...) cultive-t-il un style poétique et dépouillé, proche du classicisme (…), pour exprimer une inquiétude mystique. Mais « le silence des dieux », qui règne sur la sérénité des paysages grecs, atténuera vite toute angoisse. (…)
         Luc Mercure se doute peut-être que la merveilleuse trouvaille du roman, la blancheur des icebergs de la mer Égée, porte un nom cruel: impossibilité

         Michel Lapierre, « Les icebergs de la mer Égée », Le Devoir, 12 mars 2006

Troisième roman de l'auteur. Le héros, qui appelle ses nombreux chats « mes enfants » (p.125) et leur consacre beaucoup de temps, visite aussi son père malade, « végétatif mais vivant » (p.110), joue quotidiennement du piano et tente de sauver des souvenirs qui ne reflètent pas la médiocrité familiale. Son homosexualité est évoquée en plusieurs scènes intenses et discrètes. L'œuvre comporte de nombreuses réflexions qui replongent le lecteur dans le climat des romans précédents: la rédemption exige-t-elle d'abord la souffrance? (p17), etc. Bon niveau littéraire, intellectuel et psychologique.

          Patrick Coppens, SDM (Services documentaires multimedia)