Les Saintes Marie de la mer - 1997

Luc Mercure, Les Saintes Marie de la mer - roman, Montréal : L'Hexagone, Collection Fictions, 1997, 207 p. ; 23 cm.
ISBN : 2-89006-577-4 (br.)

Aussi disponible en enregistrement sonore sur CD pour personnes souffrant de déficience visuelle (collection de la Magnétothèque, Service québécois du livre adapté (SQLA).










Extrait

De la surface étale émergent lentement des voiles noir et bleu que le sel n'a pas altérés; ils flottent un instant, soutenus par l'immobilité de l'onde, puis s'en détachent et approchent du rivage. L'une après l'autre, cinq femmes s'écrasent sur le sable, épuisées de leur traversée. Le lac dans lequel elles ont plongé s'est transformé en une mer plus vaste que toute la Terre Promise; elles ont nagé pendant un temps qui outrepasse l'entendement des hommes et ne se calcule pas plus en siècles qu'en fractions de secondes. Une lumière frileuse effleure la voie qu'elles ont suivie.
       Lentement, les cinq femmes se relèvent, tordent leurs vêtements gorgés de sel. On pourrait croire que ce sont leurs larmes qui ont imbibé robes et voiles; elles ont dans leur vie tant pleuré, de tristesse, de désespoir ou de rage, d'humiliation ou de résignation. On sait à leurs silhouettes qu'elles sont de générations différentes: l'une a l'âge d'être grand-mère, une autre pourrait à peine enfanter. Malgré la lune grêle et leurs robes mouillées, elles n'ont pas froid, sourient de se retrouver.



Quatrième de couverture

Sur une plage de la Gaule où les saintes femmes des Évangiles ont échoué, Salomé raconte à ses amies l'histoire de sa sœur Marie qu'elle a toute sa vie à la fois enviée et méprisée. À travers son récit, on découvre que la mère de Jésus, tenue à l'écart de la vie publique par sa seule condition de femme, a été, plus encore que son fils aîné, la véritable initiatrice du message chrétien. Elle a entre autres compris que la pureté, si chère aux juifs, est illusoire et que c'est par le métissage que s'obtient la richesse la plus grande. Incomprise, rejetée, même par son fils, elle n'en poursuit pas moins son œuvre, guidée par sa foi en elle-même.

Luc Mercure est né en 1962. Diplômé de l'Université de Montréal, il enseigne la littérature au collège de Valleyfield. Son premier roman, Entre l'aleph et l'oméga (l'Hexagone, 1990), dessinait la figure de saint jean et constituait le premier volet du diptyque complété par Les Saintes Marie de la mer. Ce dernier roman, plus qu'une simple relecture des textes chrétiens, évoque le pouvoir de la parole, le rôle de la femme comme élément moteur des changements sociaux et le métissage des sociétés, préoccupations toutes contemporaines mais déjà présentes dans les mythes fondateurs de notre civilisation.




Critiques


(...) Les Saintes Marie de la mer est mené avec une connaissance que l'on pressent aiguë de l'histoire sainte, mais également avec un humour et une étonnante foi en l'être humain.
       Les adorateurs de la Bible en béton grinceront des dents sans doute, mais les autres lecteurs, et particulièrement ceux qu'on aura gavés jusqu'à plus soif de références bibliques sur les bancs du collège classique, se réjouiront à chaque instant de cette réécriture de l'histoire sainte. (…)
       Les Saintes Marie de la mer est aussi, peut-être devrait-on dire surtout, un texte inspirant, coulant de bon sens, vénérant une trinité aussi fragile à maintenir qu'elle est essentielle: du respect des libertés individuelles, de l'amour et de la puissance de l'imagination.(...)
       C'est là que le projet de Salomé, et parallèlement celui de monsieur Mercure, est le plus illuminant, qui montre fort habilement, l'humour en plus et sans prêchi-prêcha, que chacun a droit à ses visions et le devoir de respecter celles des autres. Ainsi soit-il...

        Julie Sergent, « L'histoire de Marie », Le Devoir, 20 septembre 1997.



L'entreprise peut sembler curieuse, à tout le moins anachronique, en ces temps où la foi n'a plus la cote. La démarche romanesque de Luc Mercure est pourtant tout à fait stimulante. Au-delà de l'aspect religieux qui peut en rebuter certains, son nouveau roman, Les Saintes Marie de la mer, a les traits d'un conte, d'un récit à saveur biblique où les personnages, leurs interrogations, les situations décrites, retrouvent une vie quasi palpable, voire sensuelle. (…)
       L'écriture de Luc Mercure, où se multiplient dialogues, anecdotes et énigmes, est précise et coulante, riche de symboles.

         Raymond Bertin, Voir, 30 octobre 1997



Ce livre est si bien écrit que même si le sujet ne vous intéresse pas, vous ne pourrez vous empêcher d'en poursuivre la lecture jusqu'à la fin . (...) Depuis quelques années cet auteur s'est spécialisé dans les romans inspirés de textes bibliques. Il écrit si bien qu'il faut espérer qu'il se détourne de ce sujet pour écrire des romans inspirés de thèmes contemporains. Ce serait sûrement captivant.


        Allô Vedettes, 1er novembre 1997



L'histoire, racontée dans une langue juste et agréable, d'où l'humour n'est pas absent, est plus qu'une simple réécriture des textes bibliques. Mercure, en véritable humaniste, a voulu attirer l'attention sur le pouvoir de la parole (...)

       Aurélien Boivin, Québec français, hiver 1998


Même si l'Histoire est mise à contribution chez Luc Mercure, ce sont la tradition religieuse, les croyances et les légendes qui comptent davantage.

         Robert Chartrand, « L'écriture d'un croyant (sic) », Lettres québécoises, automne 1998


Second volet d'un diptyque (cf. « Entre l'aleph et l'oméga ») d'inspiration biblique et d'humeur plutôt iconoclaste. (…) Un roman attrayant, vivant et habile.

        SDM (Services documentaires multimédia)